Arte Charpentier s’engage auprès d’associations aux missions variées, notamment Architectes solidaires et Rêves de gosse depuis plusieurs années.
L’association
Basée à Paris, l’association « Coup de Pouce humanitaire » apporte une aide ponctuelle à des partenaires qui œuvrent pour le bien des populations locales.
« Coup de pouce » travaille beaucoup avec ces populations, en finançant en grande partie les divers projets de construction. Les bénévoles/membres de l’association (qui viennent de corps de métiers très variés, avec parfois quelques architectes ) partent en mission pour aider à la construction du projet pendant deux semaines. Il s’agit de véritablement s’impliquer au travers de la participation à la vie locale.
Pourquoi cette mission au Malawi?
La mission comportait la construction de deux classes d’école sur les cinq qui composent le projet et de la construction d’une maison pour développer un programme d’habitations dignes et durables dans le camp des réfugiés. La construction de la maison en brique de terre crue présentait pour moi un grand intérêt. Tous ces éléments m’ont motivé à partir au Malawi et plus particulièrement dans le camp des migrants de Dzaleka parmi une vingtaine proposés par l’association.
Le pays
Pour se rendre à Dzaleka, c’est un voyage de 20 heures. Le Malawi se trouve dans la zone tropicale de l’hémisphère sud où nous pouvons trouver une variété incroyable d’animaux, le BIG 5 (littéralement « les cinq grands ») sont un ensemble de cinq mammifères africains comprenant le lion, le léopard, l’éléphant, le rhinocéros et le buffle) entre autres. Il possède aussi un grand lac qui représente 20% de sa superficie. Il a une valeur exceptionnelle pour le pays et sa partie Sud est protégée par l’UNESCO. Dans le lac on peut trouver une faune très variée, parmi eux, des crocodiles, hippopotames, serpents, des centaines d’espèces de poissons, vers… En plus de cette grande diversité animalière, le lac est aussi propice à la propagation de nombreuses maladies. Les locaux sont immunisés mais l’accès au lac est fortement déconseillé aux voyageurs de passage. Malgré la période pluvieuse et les intenses pluies, l’indice UV entraîne des coups de soleil immédiats (il culmine entre 12 et 13, tandis qu’à Paris l’indice est de 8 le mois de juillet).
Dzaleka, le camp de réfugiés
A Dzaleka, dans le district de Dowa, au centre du Malawi, il existe un camp de réfugiés du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Ce camp, initialement conçu pour accueillir 9000 réfugiés en compte aujourd’hui plus de 54000. Chaque mois, ce sont entre 500 et 700 nouveaux réfugiés qui y arrivent. Le flux de déplacement est continu, nous avons les chiffres du UNHCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) pour 2021 qui a recensé une augmentation du nombre total des réfugiés pour la quinzième année consécutive. Parmi les pays enregistrant une augmentation conséquente, on peut citer l’Ouganda, le Tchad et le Soudan. La plupart des réfugiés ont été, comme c’est souvent le cas, accueillis par des pays voisins ne disposant que de peu de moyens, à l’image de Malawi.
Face à l’urgence des besoins, l’association brésilienne « Fraternidade sem Fronteiras » (Fraternité sans frontière) est venue développer le projet “Nação Ubuntu” (Nation Ubuntu): un projet qui réunit des réfugiés de pays, de religions et de cultures différents au village “Ubuntu” créé pour cette raison. Ce projet vise à apporter une aide aux réfugiés, adultes comme enfants, en offrant des repas, en gérant un centre d’accueil, en accompagnant la scolarité des enfants, en salariant quelques réfugiés etc.
Nous, membres de l’association « Coup de Pouce Humanitaire », habitions dans ce village où nous avons pu faire la connaissance de nombreux enfants et réfugiés.
L’accueil
A notre arrivée nous avons été transportés dans un autre univers. Dès l’accueil nous nous sommes sentis importants. La vision de l’accueil est bien différente de celle de l’Europe. La voiture qui nous a amenée depuis l’aéroport s’est arrêtée au centre du “village” où tout le monde nous attendait. Au son des djembés et des danses africaines, puis de la chorale composée de ces femmes réfugiées qui nous ont particulièrement touché, un moment d’émotion d’une rare intensité.
Nous avons rapidement tissé des liens avec des personnes que l’on côtoyait au quotidien, au chantier ou au village malgré la barrière de la langue. Le Chewa et l’anglais sont les langues officielles du pays mais beaucoup de réfugiés venaient de pays francophones sans jamais avoir appris officiellement le français, donc leur communication avec un franco-grec comme moi se faisait souvent dans une langue approximative. Deux personnes m’ont d’ailleurs profondément marqué: Peter et Jojo.
Peter est l’intermédiaire entre le village UBUNTU et le camp des réfugiés. Il connaît un grand nombre de réfugiés et les conditions de vie de familles. Il est chargé de faire remonter les urgences auprès de l’association brésilienne afin de hiérarchiser la prise en charge de la famille ou de la personne. Rapidement nous avons pu partager des réflexions personnelles sur de nombreux sujets.
Jojo est chargé du jardin. Touche-à-tout et débordant d’énergie, il connaît l’agriculture de manière empirique. La culture des vastes champs permet à 250 enfants de l’école de manger deux fois par jour, ce qui constitue souvent leurs seuls repas de la journée. Il m’a parlé de la culture des bananiers et grâce à ses explications, depuis quelques mois je vois grandir dans mon salon le bananier qu’il m’a donné au Malawi.
Les deux réfugiés ont vécu et partagé avec nous leurs histoires douloureuses. Ses récits m’ont fait relativiser l’importance de mes soucis quotidiens.
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Evangelos Batagiannis Architecte
FORMATION
Architecte H.M.O.N.P. – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette (2016)
Architecte D.E. – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture, Paris Val de Seine (2015)
Licence d’Architecture – école Nationale Supérieure d’Architecture de Paris val de seine (2012)
SEMINAIRE
«Patrimoine ancien, moderne et contemporain» – François Gruson