Comment Arte Charpentier a intégré la recherche dans sa pratique ?
PIERRE CLÉMENT
Arte Charpentier porte dans son acronyme le mot recherche. [ARTE signifie Architecture Recherche Technique Environnement]. Cela fait depuis 50 ans que le fondateur de l’agence, Jean-Marie Charpentier, a souhaité mettre en place une démarche de recherche.
STÉPHANIE SIAC
L’agence a pris régulièrement des positions pionnières dans de nombreux domaines en réfléchissant à de nouveaux usages. Il y a eu par exemple des villas d’entreprises, des immeubles mixtes avec activités tertiaires etc. Des choses qui vous paraissent peut-être connotées, mais à l’époque, on était tout à fait pionniers. Nous avons également relevé des défis techniques. Je pense, en évoquant ce point, à la lentille sur le site historique de la cour de Rome, à la gare Saint-Lazare. Ça a été tout un processus très compliqué, avec des contraintes majeures, des défis environnementaux. Nous avons participé aux tables rondes du Grenelle de l’environnement en 2007. L’agence a donc conçu et réalisé le premier immeuble tertiaire labellisé HQE à Boulogne et le premier bureau conçu pour fonctionner à énergie positive à Dijon. Evidemment, le sous-jacent de tout ça, c’est aussi de se faire plaisir à travers les projets développés.
ANTONIO FRAUSTO
L’agence a une histoire. On est assez particulier parce qu’on a cet aspect précurseur dans beaucoup de domaines. Jean-Marie Charpentier a été l’un des premiers à faire des laboratoires pour les industriels, par exemple. C’est-à-dire que l’on va chercher des lieux où on sort de notre zone de confort et on se frotte à d’autres domaines de façon assez naturelle.
Comment « fait-on » de la recherche chez Arte Charpentier ?
ABBÈS TAHIR
La recherche comme dans les universités, procède par des étapes. Nous demandons d’abord d’énoncer la problématique en question en lien avec des sujets que j’évoquais : « Quels sont les enjeux et perspectives de cette recherche ? En quoi peut-elle être porteuse pour l’agence ? « . Il faut établir un état de l’art et se documenter sur ce qui existe pour poursuivre la réflexion afin de trouver une logique progressiste ou de prendre le contrepied avec un regard critique.
ANDREW HOBSON
Pour faire de la recherche, je dis oui dans l’investissement de temps et de l’énergie des uns et des autres. Il s’agit de mettre en place de nombreuses rencontres, des workshops ou des événements dans la vie de l’agence qui permettent de se diffuser dans l’agence. La difficulté, c’est de fédérer au projet ce qui a du sens non seulement pour celui ou celle qui fait le travail de recherche, mais aussi pour ses collègues, pour les équipes et les personnes qui les entourent.
STÉPHANIE SIAC
Nous donnons une place significative à des chercheurs au sein de l’agence pour approfondir des réflexions grâce à une temporalité différente du rythme soutenu des projets en phase opérationnelle.
« Et plus concrètement, on a identifié des axes de recherche hiérarchisés périodiquement selon les priorités validées par un comité de rédaction. Et ces axes ou ces projets de recherche sont dotés de budgets. On partage régulièrement avec les équipes par des actions de communication interne (réunions, rubrique sur intranet, etc.). Nous avons aussi des actions de communication externe régulières, avec des tables rondes, des blogs, de nombreuses publications, plusieurs ouvrages… Il y a eu par exemple Bâtir la ville et Créer l’urbanité il y a une dizaines d’années. Très récemment, un travail le livre blanc pour bâtir la ville autrement, qui est un ouvrage qui a été conçu et réalisé pendant les confinements.
ANTONIO FRAUSTO
Nous sommes dans une logique de systématisation. Grâce à l’équipe en place, nous réalisons un instrument concret : un manuel pratique pour la recherche. L’aboutissement est de permettre à tous les paysagistes, architectes, urbanistes et architectes d’intérieur d’être conscients du rapport direct entre leur travail et la recherche.
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Yang Liu Architecte, Docteure, Responsable du pôle R&D
FORMATION
Architecte H.M.O.N.P – IPRAUS, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (2016)
Doctorat en architecture – École doctorale «Ville, Transports et Territoires» – Université de Paris Est, Paris-France (2014)
Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement en architecture – École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (2009)
Master en Théories et Histoire de l’Architecture – Université de Tongji, Shanghai-Chine (2007)
Licence en Architecture – Université de Tongji, Shanghai-Chine (2004)
ENSEIGNEMENT
Chercheure associée et enseignante à Paris Belleville
PUBLICATIONS
Jinshan, une ville nouvelle dans la métropole de Shanghai, 2018, Presses Universitaires de Rennes
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Sophia Verguin Architecte doctorante, chargée de recherche
THESE
« Le centre commercial de demain : une centralité en devenir ? S/Chopping malls, La nouvelle fabrique de la cité » – co-direction Université du Mans (ED STT, ESO Le Mans) et Université de Paris (ED 131, CERILAC)
FORMATION
Architecte H.M.O.N.P. – École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (2019)
Diplôme d’État d’architecte – mention Recherche – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (ENSAPB) (2018)
Licence d’architecture – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais
Autre formation : Cours du soir en histoire des sciences et techniques à l’Ecole du Louvre. (Techniques des bronzes & des céramiques, vitraux, orfévrerie, etc.) (2017)
PRIX
Prix du meilleur mémoire d’architecture (2018) – « Confiner in fine ? : les laboratoires de sciences expérimentales au Collège de France » – décerné par la Maison de l’architecture Ile-de-France