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En 1978, Médecins Sans Frontières en était encore à ses débuts, portée par l’enthousiasme de ses premiers volontaires. La Docteure Marcelle Chaput, l’une des premières ophtalmologues à s’engager dans une mission en Inde, incarne cet esprit pionnier et humaniste. Cette année, l’agence Arte Charpentier a décidé de reverser son budget habituellement dédié à la carte de vœux en soutien à Médecins Sans Frontières. Son témoignage nous rappelle combien l’engagement de chacun peut transformer des vies.

 

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours avant de rejoindre Médecins Sans Frontières ?
Avec mon mari, nous avons découvert l’association, à la fin des années 70. Nous étions tous deux ophtalmologues à Limoges, et parents de deux adolescents.

 

Comment avez-vous entendu parler de Médecins Sans Frontières pour la première fois ?
Lors d’une assemblée générale, l’association Médecins Sans Frontières portée par Claude Malhuret, président à l’époque, était venue présenter ses activités. Notamment en nous expliquant le besoin urgent d’ophtalmologistes dans la région d’Indore, pour effectuer une mission de coopération avec une équipe indienne sur le terrain.

 

Engagement auprès de MSF
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager auprès de cette organisation, à une époque où peu de femmes prenaient part à de telles missions ?
En tant que médecins, avec mon époux, il a toujours été très important pour nous de pouvoir apporter notre savoir-faire et d’intervenir pour protéger et soigner les populations vulnérables. Médecins Sans Frontières à cette époque était une toute petite association d’à peine plus de 1000 adhérents, elle ressemblait davantage à un groupe d’échanges, de coopération, entre médecins à travers le monde que l’organisation si structurée qu’elle est aujourd’hui.

 

Pouvez-vous nous raconter comment s’est déroulée votre intégration au sein de MSF ?
Lors de cette AG à Limoges, l’association cherchait de toute urgence des volontaires pour une mission en Inde centrale, région à l’époque encore très rurale. Il fallait pouvoir partir 3 semaines. Nous nous sommes rapidement organisés dans ce sens, nous avons pu prendre des congés et nous libérer pour nous rendre sur place.

 

Expériences sur le terrain
Que retenez-vous de votre première mission humanitaire avec MSF ? Quelles étaient les plus grandes difficultés et satisfactions ?
Lors de cette mission dans la région d’Indore, nous avons eu l’opportunité de collaborer avec des scientifiques néerlandais disposant de lentilles de dernière génération pour traiter la cataracte.

Cette coopération entre équipes indiennes, néerlandaises et françaises illustre parfaitement l’esprit des actions de MSF à cette époque, ainsi que notre approche de la médecine.

Loin d’opposer des savoirs spécifiques – médecine orientale contre médecine occidentale, par exemple – nous cherchions à conjuguer les forces de chacun: les connaissances techniques, l’expérience du terrain, les avancées scientifiques, et surtout, l’humanité de ceux qui soignent. C’est cette convergence qui, pour moi, définit l’essence même de l’acte médical.

 

Au fil des missions, y a-t-il des souvenirs ou anecdotes qui vous ont particulièrement marquée ?
Lors de cette mission bénévole qui s’est déroulée en 1978, nous travaillons dans un hôpital militaire, de 60 lits. Nous opérions nos patients sous la tente, pour celles et ceux qui ne pouvaient venir jusqu’à nous, nous organisions également des consultations dans les villages voisins. Les routes et la circulation étaient très dangereuses à cette époque.

Je me rappelle m’être rendue dans une petite échoppe, une femme s’était plantée une aiguille dans l’oeil. Nous ne pouvions pas la transporter. Nous avons rempli une bassine d’eau dans laquelle nous avons plongé nos instruments et les avons fait bouillir pour les stériliser et sommes intervenus.

 

Comment décririez-vous l’ambiance et la collaboration au sein des équipes sur le terrain à cette époque ?
Notre équipe se composait de 3 camarades et médecins français (le Dr Jean Vincent, le Dr Albert Chaput et moi-même) et de 3 médecins indiens. Nous parlions en mélangeant l’indien, le français et l’anglais. Nous avions les mêmes valeurs notamment de porter secours à aux populations isolées et en partageant un quotidien, nos liens se sont renforcés.

L’année suivante, nous avons invité nos collègues indiens à venir passer quelques jours chez nous dans la région de Limoges. Ce fut un super séjour j’en garde un très bon souvenir.

 

 

Suivez-vous encore aujourd’hui les activités de MSF ? Avez-vous réalisé d’autres missions en tant que bénévoles par la suite ?
Oui en effet, j’ai continué en tant que bénévole cette fois ci pour l’association AGIR, en me rendant au Mali, puis en Indonésie lors de deux missions. La dernière à laquelle j’ai pris part, était au moment du Tsunami de 2010, je m’y suis rendue seule, les équipes sur place étaient débordées il fallait agir de toute urgence.

Aujourd’hui, je continue à soutenir MSF sous la forme de dons réguliers.

 

Que pensez-vous de l’évolution de l’organisation et des défis qu’elle relève aujourd’hui ?
Les moyens comme les équipes ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui mais les besoins et l’urgence de porter secours n’ont pas changé. Le monde ne va (toujours) pas mieux.
Si nous pouvons agir, il est important de se structurer dans ce sens.

 

Quel impact ces missions ont-elles eu sur votre vie personnelle et professionnelle ?
Nous avions le désir de voyager, d’échanger, de nous enrichir avec d’autres formes de pratiquer la médecine. Au contact des populations cela nous a rendu humble, aussi nous étions reconnaissants de collaborer avec des médecins du monde entier.

 

Quel conseil ou message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes générations qui souhaitent s’engager auprès de MSF ou dans l’humanitaire en général ?
Chacun y va de ce qu’il peut, on se débrouille toujours en trouvant des solutions. Cela nous apprend beaucoup de choses sur nous-même comme sur les autres.

Aujourd’hui, les défis sont nombreux : le manque de soignants et les attaques contre les hôpitaux compliquent l’action humanitaire. Mais il ne faut pas laisser la haine dominer.

Chacun peut apporter sa contribution, et c’est ensemble que nous pouvons avancer.

 

Interview du Docteure Marcelle Chaput réalisée en décembre 2024. Merci à Cécile Chaput pour son aide précieuse.

 

Cette année, Arte Charpentier a choisi de consacrer le budget habituellement alloué à sa carte de vœux à Médecins Sans Frontières, afin de soutenir leur mission essentielle et leur engagement exemplaire pour la solidarité.

Vous aussi, vous pouvez contribuer à cette cause en faisant un don à MSF: ici