Dans le cadre des Journées Nationales de l’Architecture, les équipes d’Arte Charpentier ont accueilli le public pour découvrir deux projets phares de l’agence: la réhabilitation de l’immeuble Sequana à Paris et la création de la tour Arsenal à Dijon. Antonio Frausto, en sa qualité d’architecte associé revient sur cette expérience, soulignant l’importance des échanges avec les visiteurs, à la fois pour enrichir sa pratique architecturale et nourrir la dynamique collaborative au sein de l’agence.

 

Deux projets emblématiques au cœur des visites

Sequana, Paris : une modernisation en respectant l’existant
Conçu et livré en 2003 par Arte Charpentier, l’immeuble Sequana est aujourd’hui l’objet d’un ambitieux projet de réhabilitation. « Le déclencheur de cette transformation a été le départ des occupants principaux, comme Natixis et d’autres banques d’investissement, qui se sont installés dans les tours Duo. Cela a permis d’envisager une modernisation en profondeur, non seulement pour répondre aux nouvelles normes thermiques imposées par le décret tertiaire, mais aussi pour adapter le bâtiment aux usages contemporains », explique Antonio Frausto.

L’enjeu principal ? Transformer le bâtiment sans altérer son enveloppe extérieure. « C’était une contrainte forte, mais aussi une opportunité. Nous avons travaillé dès la phase de programmation avec la maîtrise d’ouvrage, Covéa Immobilier, pour imaginer un outil de travail moderne, attractif et respectueux de l’environnement. Par exemple, nous avons décidé d’un geste architectural fort : réorganiser les accès en créant une entrée unique et généreuse au niveau jardin, qui regroupe tous les services. »

Ce niveau central intègre désormais des espaces de restauration, de fitness, des salles de réunion et même un studio d’enregistrement. « L’idée était de concevoir un espace vivant et multifonctionnel, qui reflète les besoins actuels des utilisateurs. »

La végétalisation est également au cœur du projet. « À chaque niveau, nous avons renforcé la place du végétal avec une ambition clairement affichée : obtenir le label BiodiverCity. Cela passe par le choix d’essences favorisant la biodiversité tout en réduisant les besoins en eau et l’entretien. » Sur le toit, la technique a été regroupée pour libérer un généreux rooftop, offrant une vue panoramique sur Paris et des espaces de travail extérieurs connectés.

Un autre aspect marquant est l’approche circulaire adoptée pour la réhabilitation. « Covéa Immobilier est un membre actif du Circolab, une association qui promeut l’économie circulaire. Dès le départ, nous avons mis en œuvre une stratégie ambitieuse de réemploi. Par exemple, une partie de la pierre du sol existant a été recyclée pour créer un terrazzo utilisé au rez-de-jardin et sur les paliers d’étage. »

 

Elithis Arsenal, Dijon : l’ambition d’un îlot à énergie positive
La tour Elithis Arsenal s’inscrit dans une démarche innovante au cœur de la ZAC Arsenal de Dijon. « C’est le premier îlot résidentiel à énergie positive de Dijon, un projet qui incarne une vision ambitieuse et exemplaire sur le plan énergétique », détaille Antonio Frausto.

Le défi majeur ? Allier qualité architecturale, performance énergétique exceptionnelle et maîtrise des coûts de construction. « Cela implique de penser chaque élément avec soin. Par exemple, la façade est isolée par l’extérieur avec deux couches croisées de laine de roche, tandis que des vitrages performants et des stores extérieurs limitent les apports calorifiques en été. Chaque appartement dispose aussi d’un système domotique pour permettre aux habitants de gérer leurs consommations de manière optimale. »

La production d’énergie repose entièrement sur des panneaux photovoltaïques, installés sur les toits et même en ombrière au niveau du parking. « Au départ, nous avions envisagé une façade sud entièrement recouverte de panneaux photovoltaïques, mais l’absence d’ATEX a compromis cette option, ce qui aurait modifié l’architecture du bâtiment. Finalement, nous avons opté pour des panneaux de nouvelle génération sur le toit, avec un rendement supérieur. »

Un modèle économique novateur complète cette approche : l’électricité produite est vendue à un tarif avantageux, et les bénéfices viennent réduire les charges des locataires. « Cela montre qu’une architecture durable peut aussi avoir un impact concret et positif sur la vie quotidienne des habitants. »

Une ouverture au public : une source d’apprentissage mutuel

Pour Antonio Frausto, les Journées Nationales de l’Architecture représentent une opportunité rare et précieuse. « Dans notre métier, nous échangeons surtout avec des spécialistes : nos clients, des techniciens, des ingénieurs… Parler au grand public change la donne. Ces rencontres permettent de comprendre leurs attentes, leurs préoccupations et leurs envies, ce qui est une vraie richesse pour un architecte. »

Il insiste également sur la nécessité de rendre compréhensibles les aspects techniques parfois complexes de leurs projets. « Nous avons un devoir de pédagogie : simplifier, rendre accessibles les informations, pour que chacun puisse saisir les enjeux et les solutions que nous proposons. »

Perspectives : l’architecture pour demain

Ces échanges nourrissent une réflexion plus large sur l’avenir de l’architecture et son rôle sociétal. « Construire la ville sur la ville est un impératif écologique. Nous devons repenser nos pratiques pour densifier intelligemment et limiter l’artificialisation des sols. Chaque projet, qu’il s’agisse d’une réhabilitation comme Sequana ou d’un projet neuf comme Elithis Arsenal, est une opportunité de contribuer à cette transition. »

Antonio Frausto souligne également l’importance de la collaboration et de l’ouverture : « Il faut travailler en lien étroit avec les habitants, intégrer leurs besoins et leurs idées dès les premières phases de conception. De même, la pluridisciplinarité est essentielle pour apporter des réponses innovantes et pertinentes dans un monde de plus en plus complexe. »

Les bénéfices pour une agence comme Arte Charpentier

Enfin, ces visites profitent aussi à l’agence. « Elles renforcent notre culture d’ouverture et de partage. Cela nous oblige à sortir de nos certitudes, à écouter et à échanger avec d’autres perspectives. Cette émulation collective enrichit nos pratiques et nous rend meilleurs dans notre mission », conclut Antonio Frausto. À travers ces initiatives, Arte Charpentier s’inscrit pleinement dans une démarche collaborative et engagée, tournée vers une architecture résolument durable et humaine.

 

Un grand merci aux équipes projet qui ont permis le succès de ces deux opérations:

Antonio FraustoJérôme Van OverbekeCarole Azzi, Christian Atry, Michel Mourlot, Michel Katseli, Jérémy Delahaie, Nazim Belblidia, Guillaume Delfesc, Nathalie LeroySoizic Kenfort, Stéphane QuignaClémence Rabin Le Gall, Léa Blanc, Sarah Farsy, Lola Richard, Jasmine Frossard, Elodie Plotton, Georgina Marques, Hélène Derboule, Marie-Aline Tarrieu, Sylvie Wauquier.